25.11.11

L'intimidation, fait vécu

Elle fait la manchette depuis quelque temps. Pourtant, elle n'existe pas depuis hier. Et ne devrait pas être prise à la légère. L'intimidation, physique ou verbale, peut avoir de graves impacts sur la vie d'un individu, surtout lorsque celui-ci en est à une phase cruciale de son développement.

De l'intimidation, j'en ai vécu à l'adolescence. Ce n'était rien de majeur certains vous diront. Je n'ai pas été battue. Je n'ai pas été ridiculisée. Je n'ai pas été traitée en paria. J'ai seulement été surnommée Peter Pan. Par tout le monde. Haut et fort. À travers toute l'école. Du bout d'un couloir au fond de la classe.

Au début, tu fais comme si de rien était. Tu en ris. Mieux vaut en rire qu'en pleurer qu'ils disent. Puis les choses prennent une ampleur inattendue. Tout le monde s'y met. Tu ris jaune. Tu croises des personnes que tu ne connaissent même pas et pourtant, elles te gueulent des Peter Pan par la tête. Tous les jours. Tu ne ris plus.

Rien de majeur je disais.

C'est assez pour te faire perdre ta confiance en toi. C'est assez pour te fermer aux autres. C'est assez pour remettre en question ta situation, ta vie. Ta vie? Quelle vie? Apparemment, tout le monde te déteste. Même ceux qui ne te connaissent pas. Tu penses être assez forte pour passer par dessus ça. Après tout, t'as du caractère, de l'ambition, des rêves... Ce n'est qu'un mauvais moment à passer. Mais le moment perdure. Tu n'en vois plus la fin. Que faire? Subir? Réagir? Se taire?

Se taire. Parce que tsé, ce n'est rien de majeur et réagir ne ferait que mettre de l'huile sur le feu.

Heureusement, j'en suis sortie vivante. Écorchée au vif à certains moments mais vivante.

J'avoue avoir pensé à la solution finale. Plusieurs fois. Plusieurs plans. Surtout que ma situation familiale n'arrangeait rien. Souris et tait toi. Voilà ce qu'on attend de moi. Si tu as quelque chose à dire, surtout, surtout, tait toi. Cette variable sortie de l'équation, l'effet Peter Pan aurait sans doute été une période beaucoup plus facile à vivre.

Ça peut avoir l'air con, mais dans un sens, c'est internet qui m'a sauvée. J'ai eu la chance d'y rencontrer des personnes qui, même sans le savoir, m'ont supporté tout au long de cette période. Des amis (si vous passez encore ici - j'en doute - je vous en remercie) qui vivaient eux aussi dans cet espace intangible où les idées fusent et la pensée peut suivre son libre cour. Où je pouvais m'évader. Être moi-même. Sans représailles. Et si c'était le cas, delete et on n'en parle plus.

Pour rien au monde je ne retournerais au secondaire. Rien au monde.

3 commentaires:

  1. Je comprend. C'est tout ce que j'ai à dire, le reste tu le sais déjà. ;)

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  2. Pour rien au monde moi aussi j'y retournerais, sauf que sans ces longues années de merde, je ne serais pas qui je suis. Comme toi, j'en suis sortie écorchée et marquée jusqu'à la fin de ma vie, mais je ne changerais rien.

    Les enfants, c'est des connards.

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