16.1.13

Une jupe. Une photo. L'Apocalypse.

Cette semaine, je suis tombée sur cette photo sur Tumblr et je l'ai partagé en mentionnant que je partageais certains de ces jugements. 

Première offense.

Je l'ai fait en exprimant mon point de vue personnel. J'accepte sans problème jusqu'à "Provocative" mais plus court que ça, j'ai du mal. Les plis de fesse, non merci. Les free pantyshot, non merci. Je partage en ce sens où, oui, j'ai tendance à juger ces longueurs de jupe. Il y a une question de décence ici.

Deuxième offense.

Je crois fermement que tous et chacun a le droit de s'habiller comme il le veut. Je crois aussi que tous et chacun a le droit à son point de vue, ses valeurs, ses convictions, son jugement.

Troisième offense.

En exprimant que, pour moi, un minimum de matière textile est requis pour que je considère un vêtement "acceptable", j'ai déclaré la guerre. Il semblerait que ce ne soit pas mon droit.

Je ne suis pas pour l'idée qu'une jupe, ou tout autre vêtement, soit un appel au viol. Peut-être à la limite une invitation à "get laid" mais avec consentement seulement. 

Je trouve inacceptable de crier à qui que ce soit qu'il ou elle est une pute, une salope, une traînée ou tout autre synonyme. Il en va de même pour toutes les insultes gratuites d'ailleurs.

Un short rase-fesse me dérange autant chez un homme qu'une jupe de la même longueur chez une femme. Ce n'est pas spécifique à un genre. Je ne tiens pas à voir des fesses, des sous-vêtements ou des parties génitales en public.

Ne peut-on pas juger une "chix" sur la longueur de sa jupe de la même façon qu'on juge un "douch" sur son v-neck?

Dosons donc les choses. 

Oui, je juge. Non, mon jugement n'est pas porté strictement sur une pièce de vêtement. Pas un jugement global d'une personne du moins. Oui, il y a la jupe. Mais il y a aussi le look général, l'attitude de la personne, son langage corporel, son maquillage, sa coiffure, ses accessoires... Tant d'éléments à prendre en compte.

Une même jupe peut être appropriée sur une personne, et à côté de la traque pour une autre.
Une même jupe peut donner un look punk, rocker, chic ou, en occurrence, "slut".
Une même jupe peut parfaitement vous allez et aucunement à votre voisine.
Une même jupe... n'importe quel pièce de vêtements en fait.

L'Apocalypse.

Arrive l'apocalypse. Mes propos ont été pris, piétinés, traînés dans la boue, chiffonnés et rendus tout distordus. Un débat a alors éclaté. Un débat au cours du quel ont été abordé le "slut-shaming", le viol, l'appel au sexe et l’insulte. Je dis débat mais en fait, pour qu'il y ait un débat, il faut que les différents partis soient prêts à recevoir les arguments des autres, à les peser et à les contredire si besoin est. Ici, on parlerait plus de drama. De personnes qui s'imaginent argumenter avec les meilleures intentions du monde mais qui n'en ont que faire de ce que les autres ont à dire finalement. Le drama, qui n'avait finalement plus grand chose à voir avec mon propos initial, a duré trois jours. Puis j'en ai eu marre. J'ai tout effacé.

Final blow.

J'annonce l'effacement du post et les raisons de celui-ci. Erreur. On m'accuse de le faire parce que les autres ne sont pas en accord avec moi. Les autres? En désaccord avec quoi? Avec le fait que je me permettre de porter un jugement sur la quantité de tissus qu'une personne porte? I can live with that. Puis on m'accuse et on m'insulte. Publiquement. Dans mon espace. Avec la maturité d'un enfant qui fait sa crise en plein milieu du centre commercial.

Je trouve agaçant qu'une personne s'acharne à vouloir prouver son point sans vouloir rien entendre. Qu'elle soit de mon côté ou de l'autre.
Je trouve désolant qu'une personne s'offusque de ne pas sortir victorieux d'une argumentation.
Je trouve ridicule qu'une personne fasse une montagne pour des pacotilles.
Je trouve outrant qu'une personne se permettre d'en insulter une autre publiquement. 
Surtout sans s'expliquer avec.

4 commentaires:

  1. Je trouve dommage que les gens réagissent comme ça. On a en effet le droit d'exprimer son point de vue sans que tout de suite ça soit perçu comme une attaque personnelle ou une généralisation bête et méchante...

    Sinon je t'ai taguée pour les Leibster Awards sur mon blog, parce que j'aime bien le tien ;)

    A bientôt j'espère ^^

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  2. Je viens de relire ton post, avec plus de recul et avec ce que je connais du féminisme aujourd'hui. Je comprend mieux la réaction de la personne avec qui tu t'étais disputée et qui se réclamait du féminisme. Dans le temps, la définition du fameux "slut shaming" commençait tout juste à être discutée sur les réseaux.

    Je continue toutefois de penser que la personne faisait fausse route sur le sens de ton propos. Le "slut shaming" ne consiste pas à dire qu'on est mal à l'aise devant des fesses à l'air, qu'elles soient sous une jupe courte ou un short. Le "slut shaming" ne consiste pas à dire qu'on trouve qu'une personne s'habille avec mauvais goût ou de façon vulgaire.

    Le "slut shaming", dont on t'accusait à tort, consiste à associer certains types de vêtements à une invitation sexuelle, à prendre pour acquis qu'une femme s'habillant d'une certaine manière le fait dans l'intention de provoquer le désir. Le "slut shaming" consiste à rabaisser une femme au nom de cette attitude présumée et à la ramener à son rôle sexuel. Il s'agit de contribuer à considérer la femme comme un objet sexuel et la châtier ensuite parce qu'elle se comporte soit disant comme tel. Il s'agit de se justifier en supposant que, de toute façon, elle l'a bien cherché. Le "slut shaming" est méprisable, misogyne et petit, mais ce n'est pas ce que tu as fait.

    Je pense que la personne n'a pas compris ton point, ne voulait probablement pas le comprendre non plus, parce qu'on a tendance à tout mettre dans le même panier sans nuances et aussi parce qu'on en a sa claque de voir les femmes se faire juger sans arrêt sur leur façon de se vêtir. On en a tellement sa claque qu'on ne veut plus en entendre parler, peu importe d'où ça vient. On considère les nuances comme une autre façon de rabaisser et une autre excuse pour se justifier de sa propre misogynie. C'est compréhensible, mais ça n'empêche pas que ce soit faux et déplacé dans certains cas.

    Par contre, tu as pris pour acquis que le "v neck" d'un homme et la "jupe courte" d'une femme sont sur un même pied d'égalité en termes de jugement et de perception. Je pense que c'est une erreur. On ne juge pas les vêtements d'un homme pour les mêmes raisons que les femmes. Je pense qu'un homme en short, même court, n'aura pas le même effet qu'une femme en jupe. Il ne recevra pas les mêmes commentaires et, surtout, on ne prendra pas pour acquis qu'il veut "se faire sauter" en provoquant le désir. On pourra l'accuser de s'habiller comme un "douchebag" et émettre des commentaires douteux sur son orientation sexuelle par rapport à certaines couleurs ou certains types de vêtements, mais ça n'a pas la même portée que chez les femmes. C'est une erreur de penser que c'est la "même chose".

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  3. Ce que tu semblais exprimer, c'est une idée d'indécence par rapport à la nudité affichée. C'est culturel au Québec et le fait que tu te sois disputé avec une Française montre bien le décalage.

    En France, la nudité n'est pas nécessairement associé au sexuel de la même façon que chez nous ni au même degré et semble, surtout, moins taboue qu'au Québec. Au Québec, la nudité est associée à l'intimité alors qu'en France, beaucoup moins. Il faut une certaine culture voire une expérience particulière des deux pays pour le savoir et, surtout, être ouvert à entendre ces différences.

    D'ailleurs, tu n'étais pas en train de juger la sexualité des femmes portant des jupes courtes. Tu ne les rabaissais pas sur leurs soit disant "intentions sexualisées" et provocantes en les traitant de "putes" ou de "salopes". Ce n'était pas ton point. Tu étais choquée de voir des fesses exhibées en public.

    Des fesses, chez nous, que ce soit des fesses d'hommes ou des fesses de femmes, sont considérées comme des parties intimes du corps de quelqu'un et leur exhibition a tendance à mettre mal à l'aise. Après, on peut critiquer ce rapport à la nudité, mais ça n'a rien à voir avec le "slut shaming". Il ne faut pas tout mélanger.

    Bref, il faut se rappeler à qui on parle lorsqu'on accuse les gens d'avoir des intentions malsaines ou des idées dégradantes sur un sujet. Ne pas en tenir compte est de la mauvaise foi pure et simple. Contrairement à bien des idées reçues, la culture du Québec n'est pas une extension de celle de la France. Espérer d'une Québécoise qu'elle ait la même vision de la nudité qu'en France, sans tenir compte des différences culturelles, c'est de l'ethnocentrisme.

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  4. Le problème, c'est que l'image tristement virale à laquelle tu as associé ton propos, elle, faisait l'étalage du "slut shaming". On t'a donc mise dans le même panier sans tenir compte de tes mots et de tes idées, parce que tu as eu l'odieux d'utiliser une image controversée. C'était maladroit, certes. Mais je trouve tout aussi regrettable les gens qui ne savent pas lire et ne prennent pas le temps de le faire avant de "blaster" de façon outrancière.

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